C'est ce qui fait dire au Pr Claverie qu'en matière de virologie, ce dégel lent des couches superficielles n'est pas le danger le plus imminent : "A cause du réchauffement climatique, des routes maritimes sont désormais ouvertes six mois par an. Le risque des maladies de l’époque de l’homme Néandertal "Quand la matière organique du pergélisol dégèle, détaille le chercheur, et qu’il n’y a pas d’oxygène disponible parce que la zone est saturée en eau, alors à ce moment-là, on va avoir une fermentation bactérienne et donc une émission de méthane par le pergélisol. Après les Megaviridae (représentées par Mimivirus découvert en 2003), les Pandoraviridae (découverts en 2013) et le Pithovirus (décrit en 2014), c'est désormais une quatrième famille de virus géants, infectant les amibes du genre acanthamoeba, qui a été mise au jour par l'équipe de chercheurs à l'origine de la découverte de Pithovirus. Toutefois, dans le pergélisol, il y a 100 fois moins de méthane que de CO2." Cette découverte, qui suggère que les virus géants ne sont pas rares et sont très diversifiés, prouve aussi que la capacité des virus à survivre dans le permafrost sur de très longues périodes n'est pas limitée à un type particulier de virus, mais couvre probablement des familles virales aux stratégies de réplication très variées et donc potentiellement pathogènes. Et dans ce village construit quasiment entièrement sur une zone riche en glace et qui existe depuis des dizaines d’années, on parle de déménager tous les habitants. De plus, le CO2 n'est pas le seul gaz à effet de serre que peut produire le pergélisol dégelé. "Il y a également le danger, poursuit le chercheur, que des espèces cantonnées beaucoup plus au nord, au désert polaire - certains types d’herbes ou de lichens – deviennent de plus en plus rares, voire même disparaissent avec le réchauffement climatique.". C'est la première fois que toutes les techniques d'analyses du vivant, génomique, transcriptomique, protéomique et métagénomique, ont été utilisées simultanément pour caractériser un virus. Elles permettent d'appréhender la complexité du vivant dans son ensemble, à l'échelle d'un organisme et se déclinent en "génomique" (étude du génome), "transcriptomique" (étude de l'expression des gènes), "protéomique" (étude de la composition en protéines) ou à l'échelle d'un écosystème entier (sol, air, océans, intestin), pour la "métagénomique" (diversité des génomes).5 Mollivirus vient du latin Mollis, signifiant flexible. Dans cette région, une telle maladie ne s’était pas vue depuis environ 75 ans. Quelques particules virales encore infectieuses peuvent en effet être suffisantes, en présence de l'hôte sensible, à la résurgence de virus potentiellement pathogènes dans les régions arctiques de plus en plus convoitées pour leurs ressources minières et pétrolières et dont l'accessibilité et l'exploitation industrielle sont facilitées par le changement climatique. En somme, le CO2 qui s'échappe dans l'atmosphère participerait au réchauffement climatique, qui lui même accélère la fonte du pergélisol. Microscopie, génomique, transcriptomique, protéomique et métagénomique4, ont permis aux chercheurs de dessiner un portrait détaillé de ce nouveau virus, baptisé5Mollivirus sibericum. Quel est l'impact du réchauffement climatique sur l'environnement ? L'eau noire est la glace fondue du permafrost. C'est ce qu'a constaté sur place Florent Dominé : "On a des changements phénoménaux dans les assemblages végétaux et dans les migrations d’espèces animales. Ils installent des mines à ciel ouvert. Quand la glace du sol fond, cela peut conduire à un affaiblissement, voire à une destruction, des infrastructures bâties à une époque où le pergélisol était encore stable. Le pergélisol est un vaste territoire. Une découverte scientifique passionnante autant qu'effrayante. Liberté d’expression, liberté d’enseigner : le casse-tête des professeurs. Cette stratégie et d'autres caractéristiques spécifiques, comme un déficit en certaines enzymes clés permettant la synthèse des briques de base de son ADN, rapproche Mollivirus sibericum des types de virus courants parmi les pathogènes humains comme les Adénovirus, les Papillomavirus, ou les Herpesvirus. A l'époque, la carcasse gelée d'un animal tué par la bactérie se couvre peu à peu d'une fine couche de permafrost, qui ne tue pas l'anthrax mais le plonge dans un profond sommeil. Vue aérienne de lacs formés par le dégel du pergélisol sibérien à Yamalo-Nenets, en Russie. Ses activités se concentrent essentiellement dans l’Arctique canadien où il travaille sur les problématiques climatiques et en particulier sur la transformation et le dégel du pergélisol. Donc les sols arctiques vont servir de puits de carbone quand le pergélisol servira de source de carbone. Des chercheurs viennent de découvrir un virus géant d'un genre totalement nouveau, dans le même échantillon de permafrost de Sibérie, datant de 30 000 ans, d'où avait déjà été isolé Pithovirus. Virus oubliés, libérés. Cette matière organique est formée en grande partie de carbone. On trouve du pergélisol au nord du Canada et de l'Alaska, ainsi qu'au nord de la Sibérie. Un virus géant ou girus (contraction de l'anglais giant virus) est un type de virus caractérisé par une taille supérieure à 0,2 μm et un génome formé de plus de 300 000 pb1. Pendant l'été 2016, un enfant est mort en Sibérie de la maladie du charbon (anthrax), pourtant disparue depuis 75 ans dans cette région. Prenons les Russes. Au fil des années, de plus en plus de virus, parfois totalement inconnus de la science, sont découverts dans les sols gelés. Elle débute en 1941, année de la dernière flambée épidémique d'anthrax qu'a connue la région - qui a vu des millions de rennes décimés tout au long du siècle. Débat Les réponses de Philippe Charlier, médecin légiste et archéo-anthropologue, Jean-Claude De plus, ce danger est renforcé par la volonté politique du président russe Vladimir Poutine d'exploiter industriellement cette région du globe. Ces agents infectieux sont donc les plus récents et ils sont par conséquence connus de la médecine moderne. Sauf que les médecins actuels n’ont jamais vu le type d’infections auxquelles devait faire face Neandertal. Le pergélisol, parfois désigné par le terme anglais permafrost (en russe : вечная мерзлота, vetchnaïa merzlota), est la partie d'un cryosol gelée en permanence, au moins pendant deux ans, et de ce fait imperméable [2], [3].. In-depth study of Mollivirus sibericum, a new 30,000-y old giant virus infecting Acanthamoeba. Les bactéries peuvent se nourrir de cette matière organique dès lors qu’elle est dégelée. On en arrive à ces situations qui peuvent être dramatiques pour les populations locales." Des chercheurs russes et français ont découvert un puissant virus dans le permafrost de sibérie. Cet épisode a causé la mort d'un enfant ; des milliers de rennes ont également été infectés. En Yakoutie, le réchauffement climatique provoque la fonte de sols jusqu'ici gelés toute l'année. Qui plus est, le danger est potentiellement partout dans le permafrost, car "même si l’on se limite à creuser jusqu’à 30 mètres de profondeur, ce qui équivaut à 30.000 ans et donc à la disparition de Neandertal, cela peut être dangereux." Afin de déterminer si d'autres virus géants se cachent encore dans le permafrost, les chercheurs étudient7 désormais des couches plus anciennes du sol sibérien, dans une région qui devrait leur permettre d'atteindre - 1 million d'années. PNAS, 7 septembre 2015. Là est le danger ! Ces côtes et ces régions, auparavant désertiques, sont connus pour receler d’importants gisements de gaz et de pétrole ; il y a également beaucoup de métaux précieux comme l'or ou les diamants. Et connaissant les Russes, ils ne prennent aucune précaution bactériologique, il n'y a aucun encadrement pour sécuriser au mieux ces mines. Forme, mode de réplication, métabolisme : Mollivirus sibericum représente bien une nouvelle famille de virus distincte des trois familles de virus géants déjà répertoriées. Il y a des virus qui sont encore parfaitement vivants, qu’on peut réactiver après 40.000 ans de congélation dans le permafrost ». A Salluit, à l’extrême nord du Québec, la caserne de pompier s’est effondrée. A retrouver sur iTunes, sur Deezer ou en fil RSS. Réécouter Dix femmes inspirantes (8/10) : Journal d’une prostituée de campagne, Dix femmes inspirantes (8/10) : Journal d’une prostituée de campagne, un enfant a ainsi été tué par de l'anthrax, Arrivées à saturation, les forêts tropicales vont cesser d'absorber du CO2, Réchauffement climatique : comme prévu il y a trente ans, la machine s'emballe dans le cercle arctique, Grâce au confinement, les émissions de CO2 vont baisser de 8% en 2020... et ça ne changera rien. Chaque été une couche du permafrost dégèle. Le permafrost ou le pergélisol en français est le sol gelé d’une grande partie du nord de notre planète terre. Sa superficie est estimée entre 10 et 15 millions de mètres carrés (entre 20 et 30 fois la superficie de la France). Et puis il y a des incertitudes sur le processus inverse qui est celui de la fixation de matière organique, de carbone, par la végétation. Après le virus SARS 2 responsable de la COVID 19, devrions-nous, nous préparer à affronter la maladie du mammouth ?. En Sibérie, la fin du permafrost russie. Les résultats de l'analyse métagénomique de cet échantillon de permafrost, qui montre une concentration extrêmement faible du Mollivirus (de l'ordre de quelques parties par million), ont aujourd'hui des implications importantes en termes de santé publique. _Le méthane est un gaz à effet de serre trente fois plus puissant que le CO2_. Ainsi des décès dans les troupeaux de rennes sibériens ont été provoqués par la « maladie du charbon ». Et si la pandémie de coronavirus n'étai… Le réchauffement, la fonte du permafrost, n'y seraient évidemment pas pour rien. Il y a plus de biomasse dans les arbustes que dans les herbes. Des chercheurs ont découvert ces dernières années deux types de virus géants, dont l'un vieux de 30.000 ans, conservés dans le permafrost. Plus proche des virus « normaux » Mollivirus a été découvert dans le permafrost du Nord-Est de la Sibérie, dans le même échantillon où a été retrouvé le pithovirus l’année dernière. Par ailleurs, concernant la question des virus, nous avons fait appel à Jean-Michel Claverie, professeur de médecine de l’Université Aix-Marseille, directeur de l’institut de Microbiologie de la Méditerranée et du laboratoire Information Génomique et Structurale. Il y a là un véritable danger, qui reste toutefois difficile à évaluer." Imaginons : si il fait plus chaud, la végétation pousse. Réécouter Gainsbourg/Gainsbarre: l'épine dans le pied de la nouvelle morale, Gainsbourg/Gainsbarre: l'épine dans le pied de la nouvelle morale, Réécouter Dix femmes inspirantes (1/10) : Victorine, la vieille bretonne, Dix femmes inspirantes (1/10) : Victorine, la vieille bretonne. Faut-il craindre la résurgence de virus et de bactérie disparus, avec le dégel du permafrost ? Je travaille notamment près d’un village inuit, Umiujaq, au nord du Québec. Il y a environ deux fois plus de carbone dans le pergélisol que dans l’atmosphère. A Iqaluit, la plus grande ville du territoire du Nunavut, la piste de l’aéroport a dû être refaite. Il a été prélevé par des équipes russes dans l’extrême nord-est sibérien et possède plus de 500 gènes. Selon les zones, la profondeur de cette couche varie : de quelques mètres à environ un kilomètre dans certains points de la Sibérie où le pergélisol se maintient alors depuis des millions d'ann… Ces travaux sont publiés dans PNAS le 7 septembre 2015. Des orignaux commencent à arriver alors qu’avant ils étaient cantonnés plus au sud. On sait désormais que les virus peuvent survivre au moins 30.000 ans. Mais en profondeur, dans les endroits froids et très conservateurs comme le permafrost, il est probable qu’aucun de ces agents infectieux n’ait disparu. On trouve du pergélisol au nord du Canada et de l'Alaska, ainsi qu'au nord de la Sibérie. Avec François Héran et Bruno Nassim Aboudrar. Découvrez nos newsletters complémentaires, CO2 et virus oubliés : le permafrost est "une boîte de Pandore". En 2016, un enfant a ainsi été tué par de l'anthrax. Pour étudier les risques liés au dégel du pergélisol, nous avons sollicité l'éclairage de deux spécialistes. Communiqués de presse - Paris - 7 septembre 2015. C’est un nouveau type de virus géant vieux de 30 000 ans. Et ils retirent le pergélisol, parce que les minerais ne sont pas dans cette couche d’humus. Et là, les bactéries vont pouvoir la métaboliser et la transformer en CO2. Entamé depuis plusieurs années, le dégel de cette couche géologique, composée de glace et de matières organiques, menace de libérer des quantités astronomiques de CO2, entraînant potentiellement un réchauffement climatique encore plus important et rapide que prévu. ", Pour autant, nul besoin de replonger aussi loin dans le temps pour trouver des virus dangereux pour les espèces vivantes. Mais il y a tellement de rétroactions qui n'ont pas encore été découvertes et qui n’ont pas été incluses dans les modèles, que toutes ces projections sont soumises à d’énormes incertitudes. Sa superficie est estimée entre 10 et 15 millions de mètres carrés (entre 20 et 30 fois la superficie de la France). Qu’est ce que le permofrost? Il s'agit d'un virus géant encore actif, qui était enfermé dans le pergélisol sibérien depuis plus de 30 000 ans. Les industriels n’extraient pas des minerais en situation de confinement biologique.". A posteriori, l'histoire est facile à reconstituer. ECOUTEZ LE PODCAST DE RADIO FRANCE "AGIR POUR MA PLANÈTE" : A l'occasion de la COP24, retrouvez toutes les émissions et les chroniques sur le changement climatique, par les antennes de Radio France. Réécouter Liberté d’expression, liberté d’enseigner : le casse-tête des professeurs.
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